samedi 8 juillet 2017

Le Qatar et l’Iran l’emportent. Les princes saoudien et émirati perdent la face



La campagne saoudo / émirati contre le Qatar a vite tourné au bazar. Le Qatar n’a pas craqué comme prévu. Il n’y avait pas de plan B. Les instigateurs du plan doivent maintenant craindre pour leur tête.
L’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, le Bahreïn et le Qatar ont tous créé et dorloté des groupes extrémistes qui se battent dans d’autres pays. Ils fournissent de l’argent, des armes et du soutien politique et médiatique à divers groupes de meurtriers Takfiris.
Les Saoudiens et les trois autres ont voulu régler le cas du Qatar. Son porte-parole médiatique, Al-Jazeera , défend les mêmes positions sectaires et anti-iraniennes que les Saoudiens, mais il soutient également les Frères musulmans, qui ont semé chaos et destructions de la Tunisie à l'Irak, en passant par la Libye, l’Égypte, la Syrie et le Soudan. Cela ne pouvait plus durer.
Le 5 juin, les quatre pays ont décrété le boycott et le blocus du Qatar. Trois semaines plus tard, ils ont envoyé au Qatar une liste d’exigences qu’on pourrait résumer ainsi : « Renoncez à votre souveraineté, sinon … ». L’ « offre » ne pouvait qu’être refusée. Elle exigeait pratiquement la capitulation totale du Qatar et était assortie de menaces de sanctions supplémentaires et même d’une attaque armée.
Comme Moon of Alabama l’avait prédit deux jours après le début du conflit, soit le 7 juin, le Qatar n’a pas capitulé. Il a des centaines de milliards de réserves monétaires, le soutien international de ses partenaires et clients du gaz liquéfié, et il est approvisionné et soutenu par la Turquie et l’Iran. Il n’a tout simplement pas répondu à « l’offre » avant la fin de l’ultimatum.
Les Saoudiens ont cligné de l’œil les premiers*. 
Dimanche, ils ont prolongé l’ultimatum de deux jours. 
Hier, le Qatar a répondu en listant ses propres exigences qui, comme « l’offre » des Saoudiens, ne pouvaient qu’être refusées. Il a également annoncé qu’il augmenterait ses exportations de gaz liquéfié d’un tiers ce qui pourrait enlever des parts de marché et des revenus aux Saoudiens. 
Il a rappelé aux Émirats Arabes Unis que 80% de leurs approvisionnements en électricité dépendaient du gaz naturel livré par le Qatar.
Aujourd’hui, les Saoudiens, les Émirats Arabes Unis, l’Égypte et le Bahreïn se sont rencontrés pour étudier les futures conséquences et discuter de nouvelles mesures contre le Qatar. Les médias du Golfe ont prédit plus de sanctions.
Mais la bande de quatre a décidé … de ne rien faire :
Les ministres des Affaires étrangères de quatre pays arabes, réunis au Caire, ont déclaré regretter la réponse « négative » du Qatar à leur liste de demandes. […]
Le ministre saoudien des Affaires étrangères a déclaré que d’autres mesures seraient prises contre le Qatar au moment opportun et qu’elles seraient conformes au droit international.
[…]
La réunion a eu lieu à la date limite où le Qatar devait accepter la liste des demandes ou faire face à d’autres sanctions.
Tout cela est très embarrassant pour les princes bouffons des Émirats Arabes Unis et de l’Arabie Saoudite. 
Ces derniers, Mohammad bin Zayed et Mohammad bin Salman, sont les instigateurs de la campagne contre le Qatar. La réunion d’aujourd’hui aurait dû accoucher d’une mesure de rétorsion quelconque contre le Qatar qui n’avait répondu à aucune de leurs exigences : d’importantes sanctions supplémentaires ou l’intensification du blocus, ou une menace d’attaque armée. Mais la réunion n’a abouti à … rien.
Les princes bouffons ont tiré toutes leurs cartouches le premier jour. Il ne leur restait plus de nouvelles mesures appropriées à mettre en œuvre. Le Koweït et Oman refusent de chasser le Qatar du Conseil de coopération du Golfe, les Émirats Arabes Unis perdraient toutes leurs entreprises internationales à Dubaï si les approvisionnements en gaz qatari et, par conséquent, leur électricité, s’arrêtaient. Un blocage accru du Qatar est impossible sans l’accord de la Russie, des États-Unis et d’autres grands pays.
Un tel affront aura des conséquences. Lorsque le prince bouffon saoudien a lancé la guerre contre le Yémen, il s’attendait à ce que Sanaa tombe en quelques jours comme il l’avait annoncé. Deux ans plus tard, Sanaa n’est pas tombée et les Saoudiens perdent la guerre. Le Qatar devait capituler en quelques jours. Mais il a suffisamment de capitaux et de revenus pour supporter la situation actuelle pendant de nombreuses années encore. La guerre contre le Yémen et les sanctions contre le Qatar visaient indirectement l’Iran, l’ennemi juré que les Saoudiens se sont choisis. Mais sans même avoir investi un centime, l’Iran est maintenant le gagnant des deux conflits. Mohammad bin Salman, le prince bouffon saoudien, s’est révélé par deux fois un stratège si catastrophique qu’il met son pays en danger.
Le roi saoudien Salman et son fils ont annoncé qu’aucun d’entre eux ne participerait à la prochaine réunion du G-20 à Hambourg. Selon les rumeurs, ils craignent qu’un coup d’état n’ait lieu si l’un d’eux quittait le pays.
Il ne faudra pas être surpris si l’ère des Salman se termine dans un bain de sang au cours de la semaine ou du mois prochain.
Moon of Alabama
(*) Allusion au jeu des enfants qui consiste à se regarder droit dans les yeux. Le premier qui bat des paupières a perdu.
Source: http://arretsurinfo.ch/le-clash-saoudo-qatari-le-qatar-et-liran-lemportent-les-princes-saoudien-et-emirati-perdent-la-face/

Pourquoi la Triade Arabie-USA-Israël a-t-elle attaqué le Qatar ? 
Il existe une ligne trop ténue qui relie les récentes sanctions anti-russes et anti-iraniennes du Congrès à la crise opposant Riyad et ses satellites au Qatar et qui, très curieusement, sent le gaz !
Selon les experts en énergie qui suivent de près les évolutions du marché de l'énergie, les sanctions décidées contre l'Iran et la Russie au nom de la " lutte contre le terrorisme " n'ont aucun rapport avec le terrorisme.
D'autres prétextes invoqués contre l'Iran, la Russie ou le Qatar ne sont pas non plus à l'origine de cette campagne particulièrement hostile à l'Iran, à la Russie et au Qatar. L'enjeu majeur est le gaz et la question que suscite d'emblée cette source irremplaçable d'énergie.
Qui aura le contrôle de grands gisements gaziers du monde ? 
Depuis 1914, le monde a constamment été le théâtre de conflits et de guerres motivés par la quête du pétrole. Or l'or noir cède peu à peu sa place au gaz naturel dans la mesure où l'Europe se tourne vers des énergies propres, et que la Chine modernise son industrie.
Sur le plan géopolitique, personne n'a aujourd'hui autant d'intérêt que les dirigeants américains à déclencher une véritable guerre du gaz : à Riyad, le président américain a allumé d'ailleurs la mèche de ce conflit, en annonçant la création d'une "OTAN sunnite" contre l'Iran. Au contraire de ce que certains analystes confirment, les contours de la politique moyen-orientale de Trump sont bien précis : Washington vise à s'emparer du marché mondial de production du gaz en plaçant dans le viseur la Russie, l'Iran et le Qatar.
Le 15 mars 2009, l'ancien émir du Qatar, Hamad Ben Al Thani a rencontré le président syrien Assad pour lui proposer la construction d'un gazoduc reliant le champ gazier irano-qatari Pars-Sud à l'Europe. Ce pipeline devait traverser la province syrienne d'Alep puis la Turquie avant d'atteindre l'Europe. Assad a répondu par la négative à cette proposition pour la simple raison que le projet, en cas de réalisation, jetait de l'ombre sur la présence puissante des Russes sur le marché mondial du gaz. Étant partenaire stratégique de Moscou, Damas ne voulait pas ralentir les exportations gazières russes. Un plan alternatif n'a pas tardé de faire le jour : en 2011, l'Iran a proposé la construction d'un gazoduc de 1500 kilomètres de long reliant le champ gazier iranien à l'Europe via le territoire irakien, syrien, libanais et la Méditerranée. La guerre syrienne a empêché la réalisation de ce projet. Quelques mois avant le début de la guerre en Syrie, les stratèges des États-Unis et de l'OTAN avaient mis en garde contre la réalisation d'un projet qui pourrait changer la carte énergétique en Eurasie dans le sens des intérêts des pays asiatiques et européens! Ce changement, disaient à l'époque des experts occidentaux, ferait pencher sensiblement la balance du côté iranien face à l'Arabie saoudite.
Mais qu'a fait le Qatar dans toute cette histoire pour avoir attiré les foudres des USA et de leurs  vassaux golfiques ? 
Le réalisme du Qatar a consisté surtout à renoncer très vite à toute rivalité avec la Russie. Trop puissante, elle aurait rapidement eu raison des velléités expansionnistes du Qatar. Autant donc, revenir au concept d'exporter du gaz via la Syrie et la Turquie vers l'Europe et amorcer les négociations directes avec l'Iran.
Doha a entamé ses négociations l'an dernier avec Téhéran et un accord de principe a été obtenu pour construire un gazoduc conjoint, transitant le gaz du champ gazier conjoint Pars-Sud vers l'Europe via la Méditerranée. Cette avancée majeure constitue "une catastrophe géopolitique" pour l'Arabie saoudite et les États-Unis; d'où le contre-plan signé USA/Israël/Arabie saoudite lequel consiste à renforcer les pressions sur la Russie, l'Iran et le Qatar. 
 Source

L’Arabie va-t-elle envahir le Qatar ?

Le Cauchemar du Qatar


Hannibal GENSERIC